La vie et le plaisir contre la prohibition (30/07/2011)

 

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En attendant le billet de l'ACAJA concernant les épiciers de nuit du quartier des Epinettes

à Paris 17e

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Source : Eric Labbé

Bassin de la Villette : la vie et le plaisir contre la prohibition

 

Nous, habitants des 10e, 18e et 19e arrondissements de Paris et d'ailleurs, usagers réguliers du Bassin de la Villette, voulons alerter l'opinion, les médias et les décideurs sur un nouvel arrêté préfectoral entré en vigueur ce 8 juillet 2011 et dire ici les conséquences déplorables qu'il pourrait avoir sur la vie de nos quartiers.

 

Celui-ci interdira en effet la consommation et la vente d'alcool sur tout le Bassin de la Villette, un territoire allant de la place de Stalingrad à la rue de Crimée en passant par les quais de la Loire et de la Seine dès 21h et ce du 1er mai au 31 octobre, c'est à dire pour tout l'été. En faisant cela, la Préfecture et la Mairie du 19e (qui a bataillé pour l'obtenir) vont annihiler des années d'efforts de la part des habitants de nos trois arrondissements pour faire de cet espace un lieu de convivialité quand il n'était autre fois qu'une zone de non droit à l'atmosphère insécure et mortifère.

 

Le Bassin de la Villette est aujourd'hui un lieu de pique-nique, de rencontre, d'échange et de plaisir qui représente une fenêtre inespérée pour des arrondissements présentant des densités de population au delà de toute comparaison (supérieurs à 30 000 hab./km²) et des niveaux de paupérisation sans commune mesure avec le centre de la ville. Depuis le milieu des années 2000, il est devenu un rendez-vous estival miraculeux pour nous tous qui, confinés dans des appartements trop petits et des quartiers sans espaces verts ouverts, avons besoin de retrouver nos amis et envie de rencontrer nos voisins.

 

Bien sûr, comme l'explique l'arrêté, la consommation d'alcool génère des troubles, des nuisances et parfois de la violence, qui le nierait ? Mais quid de ce qu'une consommation mesurée et récréative, une bouteille de rosé avec des chips et du poulet, apporte comme bien-être, comme légèreté, comme désinhibition salutaire dans un contexte urbain et sociétal aussi tendu que celui que nous vivons chaque jour ? Vous comptabilisez les plaintes et les troubles mais qui fait le décompte des amitiés et des amours qui sont nés au même endroit ? Et, pour aller plus loin, qui nous dit que l'arrêté, qui mettra fin à nos rendez-vous paisibles, sera à même de lutter contre les consommations et les comportements les plus excessifs ? Ceux-là qui génèrent troubles et exaspérations ? La zone délimitée s'arrête aux frontières du Bassin : le vaillant pochetron suffisamment excité et éméché n'aura qu'à faire quelques dizaines de mètres pour aller s'approvisionner en alcool et revenir au bord de l'eau sans se préoccuper d'un texte que vous aurez bien du mal à appliquer chaque soir. A moins bien sûr d'y consacrer un part importante de vos effectifs de police mais ne partagez-vous pas notre sentiment qu'ils seraient plus utiles ailleurs ?

 

Plutôt qu'un tel couperet, n'auriez-vous pas intérêt à intervenir ponctuellement auprès de ceux qui causent réellement des troubles ? A développer des dispositifs de médiation qui rappellent pacifiquement les principes de respect pour nous permettre de mieux vivre ensemble ? Et pour ceux qu'un tel discours ne touche pas : des lois n'existent-elles pas qui interdisent l'ivresse manifeste sur la voie publique ? qui réprimandent les nuisances et les troubles ? Est-ce qu'une fois encore, nous ne sommes pas face à un texte fabriqué pour masquer l'insuffisance de moyens alloués à l'application des précédents ?

 

Monsieur le Préfet, Monsieur le Maire, vous avez voulu répondre à la vindicte de certains habitants du Bassin qui sont, pour une partie d'entre eux, parmi les plus privilégiés du nord de Paris (les prix des logements du Bassin atteignent facilement le triple de n'importe quel autre secteur de nos arrondissements) mais surtout vous vous êtes contentés d'écouter les plus véhéments d'entre eux qui sont toujours les premiers à truster un conseil de quartier. Ce site est définitivement trop exceptionnel pour en confier le destin aux quelques uns qui s'en sont arrogés la propriété.

 

Votre réponse est donc, bien sûr, trop simple, trop radicale et unilatérale pour être la bonne. A ces quelques riverains immédiats du Bassin que vous avez voulu contenter, viendront s'opposer des milliers d'autres que vous n'avez pas su écouter. Nous vous demandons, Monsieur le Préfet, Monsieur le Maire, de bien vouloir lever cet arrêté pour, peut-être, mieux concentrer vos efforts sur les quelques vrais ivrognes, braillards et maboules du djembé qui nous cassent tous les oreilles et les pieds.

 

Contact  Presse : Eric Labbé /

10:22 Écrit par JCJ | Lien permanent | Commentaires (3) |  Facebook | |  Imprimer | |