En attendant, les clients défilent dans la superette. Une riveraine vient chercher une brique de lait, deux étudiants s’arrêtent acheter une bouteille de soft drink, un habitué repart avec deux sandwichs triangle...

22h05 : la cliente qui règle son pot de fromage blanc ne se doute pas que, depuis cinq minutes, il peut en coûter à l’épicier jusqu’à 450 euros d’amende et même une fermeture administrative. Pourtant, comme d’autres à Nice et Cannes, ce dernier refuse de se conformer à la nouvelle obligation de fermeture, synonyme, selon lui, d’arrêt de mort.

"Je ne vends quasiment rien la journée, c’est la nuit que les gens viennent, quand tout est fermé ailleurs !".  "Je ne fermerai pas tant qu’à trois mètres du boulevard, un autre magasin peut lui rester ouvert, ce n'est pas normal. Il y a un problème de concurrence !", plaide un commerçant cannois.

La police n’ignore pas cette situation, mais se borne pour l’instant à informer les contrevenants. "Nous ne verbalisons pas lors de la première constatation, précise la mairie de Nice. Pour le moment nous faisons de la pédagogie et avons donné quelques avertissements". Même démarche concernant la police nationale. La tension risque de monter lorsque les premiers PV vont tomber.

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Les épiciers lillois se sentent pris comme bouc-émisssaires d'un phénomène de société Photo : Mathieu Pagura

Vente d'alcool à Lille : bras de fer entre la ville et les épiciers

Malgré les contrôles et les amendes, les épiciers lillois sont majoritaires à ne pas respecter l'arrêté municipal d'interdiction de vente d'alcool après 22h. La ville de Lille a décidé de faire un exemple avec une fermeture administrative.

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Ils ne veulent pas porter le chapeau. Les épiciers de nuit de Lille refusent majoritairement de stopper la vente d'alcool à emporter après 22h. La ville de Lille les avaient pourtant invités en 2010 à une réunion de concertation. Aucun épicier n'avait alors fait le déplacement.

Depuis un arrêté municipal a été signé par la ville de Lille et les amendes se sont accumulées. Grâce à la loi Loppsi 2, la mairie peut dorénavant utiliser les fermetures administratives. Une demande vient ainsi d'être formulée à la préfecture pour une épicerie de la rue Nationale. Car, pour la municipalité, la lutte contre l'alcoolisation massive des jeunes est devenue une priorité, particulièrement depuis les noyades en quelques semaines de trois jeunes hommes alcoolisés.

"Nous avons déjà interdit les buvettes temporaires d'alcool durant les soirées étudiantes et nous avons déjà fait fermer des bars et des discothèques, indique Roger Vicot, adjoint au maire à la sécurité. Les épiciers doivent respecter notre arrêté municipal, les contrôles vont être renforcés." Mais ces derniers refusent de servir de bouc-émissaire face à un phénomène de société.

"Si on arrête d'en vendre, c'est la mort de nos magasins, peste l'un d'entre eux, sous couvert d'anonymat. En quelques heures, nous faisons autant d'argent qu'en une journée complète." D'autres qui respectent l'arrêté municipal restent solidaires : "Ils viendront s'approvisionner plus tôt, c'est tout. L'alcoolisation massive est un problème global, clame Amal, épicier, rue Solférino. Les grandes surfaces ne sont jamais pointé du doigt, ce n'est pas normal !" Samy, épicier rue de Gand, rappelle que "les bars et les discothèques, qui sont à quelques mètres de nous, peuvent servir de l'alcool toute la nuit. Pourtant l'alcool reste le même !" Le bras de fer n'est pas terminé.