La trêve des confiseurs (05/12/2014)

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Cela ne veut pas dire que les confiseurs s’arrêtent de travailler, mais bien au contraire, les confiseurs mettent les bouchées doubles pour nous permettre de manger leurs bouchées et crottes de chocolat que nous allons, au préalable, leur acheter pour qu’ils gagnent beaucoup d’argent.

Au départ, il s’agit d’une coutume politique qui veut que pendant « la trêve des confiseurs » les politiciens mettent en sourdine leurs luttes intestines, ainsi que les diplomates qui ne doivent que recevoir ou être reçus, tous traités négociés étant mis en suspens.

On trouve pour la première fois cette expression, en 1874 , dans les mémoires du Duc de Broglie, un homme politique de l’époque.

Le monde politique convint de laisser s’écouler le mois de Décembre 1874, de suspendre de fait tous débats politiques pour ne pas troubler la reprise d’affaires commerciales à Paris et dans les grandes villes, qui, par tradition précède toujours le Jour de l’AN. On rit de cet armistice un peu convenu, les mauvais plaisants l’appelèrent « la trêve des confiseurs ».

Certains observateurs politiques de la IIIe République ont analysé que cette mesure a été jugée nécessaire à l’époque parce que la guerre franco-allemande de 1870/71 , puis l’épisode sanglant de la Commune en mars, avril et mai 1871 ont affaibli la France et surtout Paris, qui se relèvent difficilement de ces terribles évènements, le peuple de Paris étant meurtri dans sa chair.

Au plan politique, les luttes font rage entre républicains, bonapartistes, monarchistes et révolutionnaires chacun voulant conquérir le Pouvoir.

Malgré la virulence des débats politiques, les hommes politiques décident fin 1874 de mettre leurs querelles en sommeil, invoquant pour prétexte que le Peuple doit pouvoir profiter des fêtes de fin d’année.

Cette sollicitude du monde politique pour le bon Peuple n’était que d’apparence, ils ne voulaient pas inviter le Peuple à faire la fête, non, il s’agissait déjà à l’époque de faire en sorte que les gens consomment davantage, donnant ainsi un coup de pouce au commerce qui était dans la situation de « mettre la clef sous la porte ».

Avec le recul on serait tenté de croire que l’effet de cette mesure ne pouvait être que marginal par rapport à la crise économique de l’époque.

Et pourtant, la « trêve des confiseurs » semble avoir eu un impact réel sur les ventes, elle a apporté un petit ballon d’oxygène à des commerçants quasiment exsangues.

Certains économistes, aujourd’hui, pensent que cet effet a été réel, et vont même jusqu’à subodorer que, les hommes politiques de l’époque, sans en être conscients, avaient expérimenté là une méthode qui serait formulée et théorisée en 1930 par un célèbre économiste anglais John Maynard Keynès : la relance par la consommation !

En tout cas, aujourd’hui encore, la période de « la trêve des confiseurs » reste le moment de l’année où l’on dépense le plus.

Source: Le Monde par Jacques PETIT

 

18:04 Écrit par JCJ | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer | |