Il y en existe des centaines à Paris et des milliers dans toute la France. Ouvertes aux aurores et jusque tard dans la nuit, les épiceries de quartier sont connues de tous. Alexis Roux de Bézieux et Thomas Henriot leur rendent hommage dans L’Arabe du coin.
Une notoriété indiscutable
Originaire de Lyon, Alexis Roux de Bézieux s’est senti un peu seul en arrivant dans la capitale. “J’ai cherché à savoir où se créaient les liens et où les individus, au-delà de leurs différences, se rencontraient. Les commerces sont des lieux rares, où les gens discutent, mais à la boulangerie ça va trop vite, au supermarché c’est anonyme, chez le coiffeur, le dialogue est restreint… Chez l’épicier, tous les genres peuvent se rencontrer. De l’enfant qui vient acheter des bonbons au célibataire qui vient chercher sa cannette de bière, en passant par la maman qui a oublié sa bouteille de lait”, explique l’auteur.
Pendant sept ans, le week-end ou le soir, Alexis Roux de Bézieux et Thomas Henriot ont parcouru les épiceries parisiennes à la rencontre de personnages atypiques qui leur ont livré leur histoire. “L’épicier en blouse blanche avec une moustache, ça ne nous intéressait pas. Nous voulions des récits touchants et uniques”.
Pourquoi L’Arabe du coin ? “Nous voulions un titre choc pour que le lecteur potentiel soit interpellé. “L’épicier du coin”, c’était moins fort et ça ne reflétait pas la réalité. En Ile-de-France, de 60% à 70% des épiciers sont originaires du Maghreb. Si les clients aiment tant leur épicier, c’est parce qu’il y a aussi une hospitalité propre à ces pays, une culture de l’accueil bien spécifique que personne ne peut nier”. Si les épiciers, véritables dépanneurs à toute heure, ne connaissent pas la crise, ils sont cependant confrontés à un autre problème. “Le métier s’est transmis de père en fils. De nos jours, les enfants d’épicier vont à l’école, ils font des études et ne veulent pas prendre la relève”. Une chose est sûre : si l’épicier du coin venait à fermer son commerce, tout le quartier serait embêté. aurélie sarrot
» L’Arabe du coin, d’Alexis Roux de Bézieux, photographies de Thomas Henriot, éditions Dilecta, 144 pages, 18 euros.
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