Quand la fête divise les politiques

Posted on December 3, 2010 by

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PLAN
 

Les Etats généraux de la nuit organisés par la mairie de Paris ont abouti à diverses propositions pour répondre aux inquiétudes concernant la nuit parisienne. Elles sont cependant loin de faire l’unanimité au sein du Conseil de Paris. Mao Peninou, adjoint au maire de Paris et responsable de l’organisation de ces rencontres et Thierry Coudert porte-parole du Groupe UMP sur les questions culturelles au Conseil de Paris s’opposent ainsi sur bien des points.

« Je n’ai pas le sentiment que Paris s’endort », affirme Mao Peninou, en charge de la qualité des services publics municipaux, de l’accueil des usagers, et du bureau des temps. « La nuit parisienne a toujours été très vivante, même si en ce moment elle change, poursuit-il. Avant elle était davantage concentrée dans des établissements prestigieux de clubbing. Certains ont disparu comme Les bains douches mais d’autres continuent leur activité comme le Rex ou le Social club. »

Mao Peninou, adjoint au maire de Paris et organisateur des Etats généraux de la nuit (credit photo: mairie de Paris)

Pour Thierry Coudert, le constat est tout autre. « Quand j’étais étudiant, à la fin des années 70 et au début des années 80, les gens venaient de Londres, de New-York pour profiter de la nuit parisienne. Aujourd’hui, et même s’il faut se méfier des anachronismes, Paris n’est plus une destination pour la vie nocturne. Il a perdu son attractivité internationale au profit de villes comme Londres, Berlin, ou Barcelone. » L’élu de l’opposition accuse ainsi la mairie de « sous-estimer cette question ».

Davantage de monde dans les rues
Mao Peninou, estime, quant à lui, que « nous avons affaire à une nouvelle nuit de proximité, dans des lieux plus petits, des bars musicaux, des cafés concert. » Il ‘agit donc une nouvelle situation où « l’espace public est redevenu agréable avec l’aménagement des quais de Seine, l’élargissement des trottoirs, la diminution de la circulation automobile. » La loi interdisant la cigarette dans les bars a également fait descendre les fumeurs dans la rue. En conséquence, il y a plus de monde le soir dans la rue. Pour l’adjoint, « cela a des aspects positifs puisque ça favorise le lien social et ça diminue le sentiment d’insécurité. Mais il y a aussi des inconvénients comme les nuisances sonores avec pour traduction une augmentation des conflits avec les riverains. »
Pour faire face, la municipalité propose « d’avancer dans deux directions: la médiation entre riverains et usagers et l’insonorisation des bars et des nouvelles constructions surtout au rez-de-chaussée. » Au sujet du financement de cette dernière mesure, Mao Peninou refuse d’en dire plus car « il est encore en discussion et qu’il ne sera inscrit, au plus tôt, qu’au budget 2010 », mais ajoute    qu’il « existe déjà un fond de la région allouée à cela ». Thierry Coudert plaide également pour « une aide à l’isolation phonique des bars car ces travaux sont couteux et peuvent mettre en danger financier les établissements. »

Thierry Coudert, porte parole du groupe UMP sur les questions culturelles au Conseil de Paris (crédit photo: mairie du XVIIe)

La médiation de voisinage fait débat
Deuxième mesure: la médiation pour prévenir les conflits de voisinage. La mairie « a pensé à une médiation artistique via, par exemple, des clowns ou des mimes, car le message passe plus facilement qu’avec les forces de l’ordre. » L’initiative vient de Barcelone « où elle fonctionne bien » selon l’adjoint au maire et le dispositif « serait financé à moitié par la ville et les établissements de nuit ». Mais pour l’instant, tempère Mao Peninou, « c’est encore un projet et nous allons travailler à le rendre concret dessus pendant les six prochain mois. »
« Sympathique et marginal », c’est ainsi que Thierry Coudert qualifie ce dispositif de médiation. « Comme souvent, la mairie a joué petits bras et je ne pense pas que cela soit à la mesure de l’enjeu.  D’ailleurs ce ne sont pas les mimes et les clowns qui rendent la nuit barcelonaise attractive. »

Le projet des Batignolles
Pour régler les conflits entre dormeurs et noctambules, l’élu du XVIIe arrondissement propose « de concentrer les activités festives dans un seul lieu comme cela se fait à Berlin pour éviter toute gêne sonore. Dans le Berlin-Est, une immense brasserie désaffectée a été reconvertie en lieu festif avec 7-8 boites de nuit installées autour d’une cour intérieure et chacune dédiée à un style de musique. J’ai donc présenté un voeu lors d’un conseil municipal il y a un an pour créer un lieu similaire aux Batignolles, dans le XVIIe arrondissement mais il a été repoussé par la majorité. Je ne comprends pas pourquoi surtout que les dirigeants du Grand Rex et de la Bellevilloise s’étaient montrés intéresser par le projet. »
Après discussion avec « les acteurs du secteur, les associations, nous nous sommes rendus compte que ce n’était pas une bonne idée » estime pour sa part Mao Peninou. « Il est préférable d’avoir de la mixité sociale et fonctionnelle plutôt que des territoires compartimentés. »

 

Le secteur des Batignolles en plein réaménagement urbain et où Thierry Coudert propose de regrouper les activités festives et nocturnes (Crédit photo: Didier Favre).

Davantage de transports nocturnes
A l’issue des Etats généraux de la nuit, la municipalité « souhaite développer et intensifier le réseau noctilien, en partenariat avec la Région. » ce qui signifie « accroître la fréquence des bus et créer 2 ou 3 lignes supplémentaires dans des zones mal desservies » sans toutefois préciser où car « cela sera discuté au conseil d’administration du STIF.
Thierry Coudert juge ces propositions insuffisantes et avance l’idée de « faire circuler le métro la nuit sur les principales lignes avec une fréquence d’une rame toutes les 30 minutes. Ce n’est ni délirant ni couteux et cela profiterait aussi aux travailleurs nocturnes. »
L’enjeu des nuits parisiennes est donc clivant au sein du Conseil de Paris mais chamboule aussi l’échiquier politique. Ainsi, rappelle Thierry Coudert, c’est la conjonction assez surprenante « des communistes et du groupe UMP qui a poussé la municipalité à s’emparer du sujet et à organiser les Etats généraux ».

Guillaume Novello

Document annexe: Vidéo du débat nocturne animé par Frédéric Taddéi lors des Etats Généraux de la Nuit, dans l’hémicycle du Conseil de Paris à l’Hôtel de Ville, le 12 novembre 2010, de 23h à 2h du matin.

Ou en sommes nous ?

 

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