A notre époque où la circulation de l’information est instantanée, la mondialisation des échanges tend à uniformiser les repères sociaux et culturels : la culture et le mode de vie « occidental » sont largement diffusés. N’y aura-t-il bientôt qu’une seule culture de masse, globalisée ?
L’Unesco considère pourtant la diversité culturelle comme « une force motrice du développement », un « atout indispensable pour atténuer la pauvreté et parvenir au développement durable ». Parler de diversité culturelle amène à s’interroger sur le sens de la « culture ». L’Unesco la définit comme « l’ensemble des traits distinctifs spirituels et matériels, intellectuels et affectifs qui caractérisent une société ou un groupe social ». Ainsi, la culture est rattachée à un groupe humain, et englobe son histoire, sa langue, son mode de vie, ses traditions etc. Si les institutions internationales se dotent aujourd’hui d’un arsenal normatif et législatif pour promouvoir la diversité culturelle, c’est qu’elle constitue un enjeu majeur pour le nouveau millénaire :
Diversité culturelle et paix
Pour s’entendre et s’écouter les peuples ont besoin de se connaître et de se sentir respectés dans leurs cultures et leurs valeurs.
Diversité culturelle et société
La rencontre de l’autre est source d’enrichissement : se reconnaître et s’accepter dans nos différences est indispensable pour mieux vivre ensemble, en particulier dans nos sociétés de plus en plus métissées.
Diversité culturelle et développement durable
Pour les peuples autochtones il est de plus en plus difficile de survivre et de préserver leur spécificité dans une économie mondialisée où la possession des territoires et l’exploitation des ressources naturelles priment le plus souvent sur leurs droits élémentaires : avec ces peuples ce sont des langues, des savoirs traditionnels qui disparaissent, et notamment un mode de vie durable, respectueux et adapté à l’environnement.
Diversité culturelle et mondialisation économique
La culture est aussi un marché, objet d’enjeux commerciaux très importants à l’échelle mondiale. On parle d’ailleurs « d’industrie culturelle ». L’Unesco et de nombreuses associations luttent pour que la culture et les biens culturels fassent l’objet d’une exception et ne soient pas soumis aux règles du commerce international, mais considérés comme des biens publics mondiaux.
Les menaces qui planent sur les cultures dites « minoritaires » ne font pas de doute, et les intérêts de lutter pour préserver leur pluralité sont nombreux. Au-delà de ces constats il convient pourtant de ne jamais oublier qu’une culture est vivante, perpétuellement en mouvement : promouvoir la diversité culturelle ne doit pas fermer la porte à une réflexion sur la modernité. Si on « sanctuarise » les cultures, on les fige dans une authenticité, une tradition qui peut être ambiguë. Par exemple, on ne peut justifier l’excision au titre que c’est une pratique culturelle ancestrale. Mais si l’on dénonce ces pratiques, ce n’est pas au nom d’une culture « occidentale » dominante, mais au nom de valeurs « universelles », fondatrices de la modernité, qui garantissent les droits et la dignité de tous, au-delà des clivages culturels justement…
© Ritimo, Bioforce, 2007
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