Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

25/08/2011

Les marchands ambulants ...

SHOP MAG3.jpg

On a lu sur : Yabiladi.comyabiladi.con.jpg

 

Reportage: l'avenue Mohamed VI prise d'assaut par les marchands ambulants

 

 
 

De Garage Allal à Kissariat el Haffarine, la grande avenue Mohamed VI à quatre voies n’en compte plus que deux, voire une seule à l’approche du feu de signalisation de Kissariat el Haffarine. Et pour cause, des centaines voire des milliers de vendeurs ambulants, avec tous les clients qu’ils attirent, ont investi le bitume bloquant trois voies. D’où sortent tous ces vendeurs et que font les autorités ? Reportage.

Plus qu'une voie pour automobilistes sur les quatre de l'avenue Mohamed VI

Une grande partie de l’avenue Mohamed VI, ancienne route de Mediouna est en passe de devenir une rue piétonne. Une avalanche de marchandises déborde sur la route, et les barrières dressées pour limiter poliment les commerçants à une seule voie sont largement dépassées. Les passants qui traversent encombrent la seule voie encore libre pour les automobilistes, rendant toute circulation impossible. Encore plus les mercredis et samedis, jours pour le marché de gros.

La Kissariat pour les nuls

Ils viennent de Hay Mohammadi, Hay Hassani, Sidi Bernoussi voire même de Berrechid. Tous ont au moins deux ou trois bouches à nourrir, et face au chômage rampant, un petit étalage par terre ou sur des roulettes sur l’avenue Mohamed VI devient une opportunité en or. « On m’a renvoyé de la fac en 1991 parce que je participais à des manifestations, depuis, je n’ai jamais pu trouver un travail décent, nous raconte Abdallah. J’ai un bac+4, et je suis réduit à vendre du J’ben pour nourrir ma femme et ma fille ».
En plus des propriétaires de locaux commerciaux sur l’avenue qui louent des carrioles ou engagent une personne pour en gérer une pour leur compte, les riverains louent le pas de leur porte pour « 300dhs la journée. Il y’en a qui louent leur perron au mois, ça peut monter jusqu’à 15 000dhs » nous explique Hassan, vendeur ambulant à Kissariat el Haffarine depuis plus de cinq ans. « Avant, on était quelques centaines. Maintenant, impossible de les compter. Ils ne pourront jamais nous déloger d’ici », poursuit-il.

Que font les autorités ? : «Ils demandent 10 dhs par jour pour chaque « ferracha »»

La raison ? Tous les vendeurs interrogés sont unanimes. Il y’a eu un avant et un après l’immolation de Bouazizi en Tunisie. Si tout activiste considère Bouazizi comme un martyr, ici il est devenu un héro. « C’est grâce à lui qu’on a retrouvé notre dignité. Maintenant plus personne ne peut nous chasser d’ici, ou abuser de notre condition », affirme Moui Fatna, vendeuse de gants de toilette sur l’avenue. Car tous dénoncent des histoires de « corruption organisée », on parle même de « mafia ».
« Regarde un peu combien y a-t-il de marchands : ils demandent 10 dhs par jour pour chacun, et se partagent le butin, nous confie à voix basse Abdeslam avant de poursuivre dans un français parfait: avant les évènements de Tunisie, ils faisaient des razzias quotidiennement et nous confisquaient notre marchandise. Ils rendaient les « ferrachates » contre 50dhs ou gardaient la marchandise pour eux. Il y’en a qui ont vraiment fait fortune dans cet arrondissement». Ils c’est qui ? « Les mkhaznias (agents des forces auxiliaires, ndlr) et les administrateurs de la commune ».

Mais depuis le soulèvement en Tunisie, une circulaire provenant du ministère de l’Intérieur sommait toutes les communes du Royaume de fermer l’œil pour éviter les dérapages. Sauf qu’en faisant l’autruche, le problème risque de prendre une autre dimension : au lieu d’avoir un Bouazizi isolé, on est en train d’en fabriquer des centaines à la fois.

En attendant, l’avenue Mohamed VI est prise d’assaut par cette activité commerciale alternative, certes, qui permet à des familles entières de survivre, mais qui gagnerait à être contrôlée rapidement. Les automobilistes quant à eux ne peuvent que prendre leur mal en patience face au laisser aller des autorités.

 
En attendant un reportage
sur le quartier des Epinettes à Paris 17e
"Les épiciers de nuit" 
 

 

Les commentaires sont fermés.